Peintures
Le jour la haute silhouette de Julien se promène dans la ville, tel un chat dans son univers domestique : sensible au jeu de lumière qu’anime, sur le pavé, l’ombre d’un feuillage ; surpris par un claquement d’aile et le cliquetis d’un talon aiguille.
La nuit, quand le serpent électrique chasse le marchand de sable, il bat du punk underground pour un public médusé, ou affronte sur les tapis, des boxeurs chinois.
Quand il ne fait ni jour ni nuit, Julien peint.
La peinture est le temps suspendu, n’est-ce pas ? L’instant critique du quadrilatère, dont l’horizon de matière se confronte à la verticalité du sens.
Dans l’atelier, entre chien et loup, l’éclat fugace d’une carpe glissant dans la profondeur glauque d’un bassin me rappela l’éclair de Giorgione.
Une nuée de fleurs psychédéliques plongeait dans une iconographie mystique et l’envolée d’un châle gitan.
Posant le regard sur les châssis appuyés contre le mur, je croisais celui des mannequins, faux-semblant en bakélite. Ils regardaient, derrière mon épaule, les estuaires lointains s’ouvrant sur des mégapoles fantomatiques.
Il n’y a plus de Terra incognita, pensai-je alors, seulement des territoires explorés par les artistes.
Luc Castanié
Texte pour l’exposition Galerie Odile Oms 2009